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Valoriser le potentiel des bons de la diaspora

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Publish date: 
21/06/2013

Selon une note économique publiée récemment par la Banque africaine de développement, les bons de la diaspora pourraient donner un nouvel élan au développement de l’Afrique.

Ces dix dernières années, le paradigme Migration et Développement (M&D) a mis en évidence les liens étroits entre les deux domaines mais aussi le fait que les migrants pouvaient contribuer de manière significative au développement de leur pays d’origine. Selon la Banque mondiale, les montants transférés par les migrants vers le continent africain dépassent ceux de l’Aide publique au développement (APD) et atteignaient près de 40 milliards USD (2,6% du PIB) en 2010. En plus d’améliorer le niveau de vie des familles des pays en développement, les envois de fonds permettent de stimuler l’économie, de financer des mécanismes de microcrédit ou des infrastructures et de soutenir les programmes de développement dans les pays d’origine. Les migrants présentent donc un potentiel énorme pour le développement. La question est : « Comment le valoriser efficacement ? »

Une note économique récente de la Banque africaine de développement (BAD) vient relancer le débat sur l’un des mécanismes déjà testés dans ce domaine : les bons de la diaspora. Ces « obligations émises par un pays à l’intention de sa propre diaspora pour mobiliser les ressources qu’elle possède dans les pays de destination » ont été utilisées par différents pays dans l’optique d’attirer l’épargne de leur diaspora et de faire l’économie d’un emprunt sur les marchés financiers ou auprès des institutions internationales ou des gouvernements. Les premiers bons de ce type ont été émis dans les années 1930 par la Chine et le Japon mais d’autres pays y ont eu recours comme Israël, l’Inde et l’Éthiopie. Le cas d’Israël illustre de façon étonnante le potentiel des diasporas : entre 1983 et 2003, ils représentaient entre 25% et 30% de la dette extérieure d’Israël pour un total de près de 25 milliards USD. 

Selon la BAD, trois raisons justifient que les gouvernements africains explorent cette voie : 1. la crise économique actuelle montre qu’il ne faut pas compter sur une augmentation de l’APD et qu’au contraire les ressources des pays développés iront davantage aux budgets nationaux ; 2. les bons de la diaspora et les envois de fonds ont la même source de financement – l’épargne des migrants – et la crise actuelle a provoqué « une diminution du volume des envois de fonds bien en-deçà de celle enregistrée par les autres flux de capitaux » ; 3. pour répondre à cette crise, les institutions en développement soutiennent activement les nouveaux outils de mobilisation financière. Les bons de la diaspora offrent une solution de rechange prometteuse pour financer le développement. Selon la BAD, les leçons des expériences passées pourraient nous aider à mieux comprendre leur potentiel et leur fonctionnement.

En effet, les cas d’Israël, de l’Inde et de l’Éthiopie témoignent du pouvoir des bons de la diaspora pour lever des fonds en temps de crise. Ainsi, les souscriptions annuelles des bons israéliens ont augmenté de manière significative après la guerre du Kippour ou les attaques terroristes du 11 septembre. De son côté, l’Inde a stratégiquement eu recours aux bons de la diaspora lors de la crise de la balance des paiements de 1991 et pour contrer les sanctions internationales qui ont suivi son essai nucléaire de 1998. De plus, l’intérêt n’étant pas la seule motivation derrière l’achat de bons de la diaspora, l’instrument a la particularité d’offrir des conditions plus avantageuses à l’émetteur avec notamment un taux de coupon inférieur à la moyenne – plus connu sous le nom de « ristourne patriotique ». Cependant, la BAD prévient : « souscription émotionnelle ne signifie pas désintérêt pour le rendement » et l’attachement personnel au pays débiteur conduit parfois l’investisseur à revendiquer plus de transparence et d’appropriation.

Certains pays africains se sont lancés dans cette voie et ont eu recours aux bons de la diaspora pour financer de nouvelles infrastructures. C’est le cas de l’Éthiopie qui, avec son « Millenium Corporate Bond » (obligation d’entreprise du millénaire), entendait financer le projet de centrale hydroélectrique Gilgel Gibe III de la compagnie nationale d’électricité (EEPCO). Mais le « Millenium Corporate Bond » n’a pas tenu toutes ses promesses principalement parce que les investisseurs n’ont pas cru le gouvernement éthiopien capable d’honorer cette dette.

Les bons de la diaspora constituent un outil performant qui permet aux gouvernements de financer le développement à des conditions avantageuses. En contrepartie, ils exigent de ces derniers qu’ils gagnent la confiance des diasporas. Selon la BAD, l’enjeu en vaut la peine.


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